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9 février 2012 4 09 /02 /février /2012 11:58

Comme vous le savez peut-être, parce que la presse en a un peu parlé, il se joue en ce moment à Paris deux mises en scène de la même pièce: Le bourgeois gentilhomme, de Môssieur Molière.

La vérité vraie, c'est qu'il y en a trois! Oui, oui, vous avez bien lu: trois!

 

L'une est signée Catherine Hiegel avec François Morel (1), une autre est signée Marcel Maréchal (2) et la dernière, que j'ai eu le plaisir de voir, est signée Laurent Serrano et se joue au Studio-Théâtre d'Asnières jusqu'à ce dimanche.

 

J'ai donc vu, hier soir, cette dernière mise en scène, par une jeune troupe de comédiens, ou plutôt une troupe de jeunes comédiens. Ils sont peu connus, difficile alors de faire le poids face à la concurrence de grands noms tels que Morel ou Maréchal. 

Et pourtant! Bien sage celui qui passe outre leur anonymat et va faire un tour jusqu'à Asnières.

Bien sûr, n'ayant pas vu les autres mises en scène, je ne peux pas dire que celle-ci est meilleure. Mais je ne prends aucun risque à dire qu'elle est différente!!

 

Alors c'est vrai qu'au début on a un peu peur. Le décor fait de tapis et murs de pelouse parsemés de petites fleurs blanches a un peu de quoi nous effrayer. Ses airs hippie kitsch nous font nous interroger longuement.

Ensuite, on apprend qu'ils vont chanter. Et là, on se demande vraiment si on ne ferait pas mieux de prendre ses jambes à son cou. Mais on ne le fait pas. On reste sagement assis sans broncher.

Et on a drôlement raison! 

Parce qu'on rit et qu'on sort plus léger qu'on n'est rentré.

 

Bourgeois-2-copie-2.png

 

Bien sûr, cette mise en scène est particulière et criticable (et croyez-moi que quand on touche aux classiques, j'ai la critique aisée! Je peux accepter beaucoup de choses, mais pas qu'on s'en prenne à Shakespeare et son Songe d'une nuit d'été pour en faire une comédie pop 70's. Mais passons, c'est une autre histoire!). Mais cette mise en scène déjantée et acidulée permet presque un retour au véritable esprit de Molière (dont le théâtre était effectivement accompagné de musique et de danse et non pas figé comme nous le montrent aujourd'hui ces grands messieurs de théâtre). Même s'il est vrai que le texte est d'abord un peu noyé dans la surprise du décor et de la mise en scène, cette dernière accentue encore le ridicule du personnage et des situations (que les costumes classiques ont tendance à gommer en rendant les représentations presque trop solennelles) et apporte une nouvelle lumière sur le texte.

 

Il s'agit donc d'une vision de la pièce innovante, très inattendue, et finalement extrêmement pertinente. (Même si, encore une fois, on a le droit de ne pas aimer le fluo kitschouille, et que parfois, on aimerait un peu moins de rose et d'énormes fleurs. Mais, à bien y regarder, tout ça fait sens!)

 

On n'est pas en présence ici d'une de ces mises en scène qui se contentent de transposer le texte classique dans l'époque moderne avec des costumes et des décors contemporains (chose que j'aime très rarement). On redécouvre le texte de Molière et sa drôlerie, dans une lecture enrichie et enrichissante.

 

Sûr que c'est criard, mais au fond, eh, Monsieur Jourdain n'est-il pas le comble du mauvais goût? Et n'est-ce pas précisément là que repose tout le comique de la pièce?

 

Les costumes absurdes redonnent vie au comique de situation et nous permettent finalement de nous retrouver un peu, nous aussi, dans la peau des spectateurs de l'époque qui découvraient cette pièce et son humour du ridicule pour la première fois.

 

On craignait de voir Molière dénaturé, c'est finalement tout l'inverse qui se produit!

 

Les comédiens sont tous talentueux et donnent de leur personne. On sent le travail derrière les numéros de chant et de danse.

 

Le test ultime: tournez-vous vers le public plus jeune. Des collégiens qui se poilent devant Molière? Pari gagné!

 

bourgeois.jpg

 

Il est un peu tard pour vous le dire, sans doute, vue la date. Mais si vous êtes dans le coin, foncez-y, il ne reste plus beaucoup de temps. 

 

 

(1) Théâtre de la Porte Saint Martin, jusqu'au 27 mai 2012

(2) Théâtre 14, jusqu'au 25 février 2012

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commentaires

L
<br /> Oui, les enfants et surtout la région...<br />
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L
<br /> Argh...ça donne envie !<br /> <br /> <br /> J'ai pu écrire quelques articles sur de jeunes troupes lors d'un festival de théatre (petit le festival) en Isére et j'avoue préfèrer les jeunes.<br /> <br /> <br /> Je les trouve moins aigris et moins hautains, le jeu est plus spontané et "vivant" !<br /> <br /> <br /> Mais bon, ce n'est pas pour demain une bonne pièce de théatre...<br />
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M
<br /> <br /> Cool! Si ça donne envie, c'est que l'article est plutôt réussi, alors!<br /> <br /> C'est vrai que de manière générale, je crois que les jeunes comédiens ont plus de patate, et surtout plus de fougue, parce que davantage besoin de faire leurs preuves pour pouvoir vivre. Et ils<br /> sont souvent moins blasés et donc prennent plus de plaisir sur scène, et en donnent plus au public.<br /> <br /> Pourquoi pas pour tout de suite? Parce que les enfants à garder? <br /> <br /> <br /> <br />

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